Femmes inuit, justice et harmonie sociale
Résultats du projet
La Chaire de recherche Sentinelle Nord sur la relation avec les sociétés inuit est heureuse de vous annoncer la publication des résultats de son projet de recherche intitulé Femmes inuit, justice et harmonie sociale au Nunavik.
À consulter ici :
- Rapport de recherche trilingue Les femmes inuit oeuvrant au sein des services de justice au Nunavik ;
- Portrait statistique sur la présence des femmes inuit dans les services de justice au Nunavik ;
- Revue de littérature sur les femmes inuit et la justice ;
- Présentation lors du Congrès d'Études inuit 2019 à l'UQAM
À consulter sur Isuma.tv ▶️
- Cinq témoignages vidéo de femmes inuit travaillant dans le secteur de la justice au Nunavik : www.isuma.tv/chaire-sur-les-relations-avec-les-sociétés-inuit/inuit-women-who-work-in-nunavik-justice-services. Un article scientifique sera soumis prochainement à une revue savante.
Suivant le constat d’une présence marquée des femmes inuit dans les emplois du secteur de la justice au Nunavik, ce projet a permis de mieux connaître leurs expériences au travail et leurs perspectives au sujet du système de justice contemporain. Les résultats du projet mettent en valeur leur rôle, les savoirs qu’elles mobilisent quotidiennement et leur vision de la justice. Il est souhaité que ces connaissances puissent favoriser le développement de relations plus harmonieuses avec les communautés, de pratiques professionnelles mieux adaptées, et de meilleures politiques en matière de justice au Nunavik.
Ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans la participation de dix femmes du Nunavik, et sans l’implication bienveillante de Siasi Smiler Irqumia et de Niali Aliqu. Nous avons également eu la chance de compter sur une collaboration très active de partenaires importants : Sapummijiit- Centre d’aide aux victimes d’actes criminels, et Makivik via les comités de justice du Nunavik. Ce projet a été financé par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada.
Nous espérons ainsi que les femmes inuit ne seront plus uniquement regardées comme des victimes ou des contrevenantes, mais comme une force vive susceptible d’apporter des changements positifs dans le système de justice au Nunavik, et une source de transformations sociales importantes dans leurs communautés.
Nous remercions toute l'équipe de recherche qui a contribué à la réalisation de ce projet:
- Caroline Hervé, titulaire de la Chaire (supervision du projet, coordination de l'atelier, rédaction du rapport)
- Pascale Laneuville, coordonnatrice de la Chaire (coordination du projet, réalisation du portrait, rédaction du rapport)
- Laëtitia Marc, étudiante au doctorat en anthropologie (réalisation du portrait, organisation de l'atelier, rédaction du rapport)
- Mathilde Lapointe, étudiante à la maîtrise en anthropologie (synthèse de la littérature, organisation de l'atelier, rédaction du rapport)
- Catherine Charest, étudiante à la maîtrise en anthropologie (recherche bibliographique)
Compte-rendu de l'atelier avec les femmes des services de justice
Un atelier sur les femmes inuit et la justice s’est déroulé du 11 au 13 décembre 2018, au Centre d’éducation aux adultes de Puvirnituq, au Nunavik. Pendant trois jours, les participantes, au nombre de neuf, ont échangé sur leur rôle au sein du système de justice au Nunavik. Parmi ces femmes se trouvaient des interprètes de la Cour itinérante, des membres de comités de justice de Makivik, et des agentes du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (Sapummijiit) de l’Administration régionale Kativik. Elles ont d’abord discuté du système de justice au Nunavik, de leur place dans ce système et des défis qu’elles rencontrent dans leur travail. Elles ont ensuite exploré de nouvelles idées dans l’optique de faciliter leur travail et de créer un système de justice plus réaliste et plus représentatif de leur culture et de ce qu’elles vivent au quotidien.
À travers cet atelier, ces femmes ont mis en valeur le rôle des aînés dans leurs communautés, aînés qui sont pour elles des modèles. Elles ont ensuite créé un schéma représentant visuellement le cercle de la vie et les étapes d’apprentissage, mettant ainsi en évidence que chaque moment de la vie est propice à la découverte et à l’amélioration personnelle. Puis, elles ont dressé un portrait de ce que serait un système de justice idéal au Nunavik, insistant une nouvelle fois sur l’importance de bénéficier des conseils des aînés. Enfin, plusieurs d’entre elles ont livré des témoignages vidéo afin de parler de leur travail et de proposer des solutions pour leur faciliter celui-ci.
Merci aux participantes:
- Siasi Smiler Irqumia (animation)
- Niali Aliqu (animation)
- Leah Unaluk (traduction)
- Alacie Tukai (traduction)
- Lydia Jaaka
- Inuluk Ulaayu
- Raingi Uqaituk
- Louisa Kuananack
- Amaly Sivuak
Nous remercions également la Cour itinérante, la CAVAC-Sapummijiit (ARK), les comités de justice (Makivik) et le Corps de police régional Kativik pour leur collaboration.
Portrait statistique de la présence des femmes dans les services de justice : sommaire des résultats
En 2019, nous avons recensé 149 postes occupés par des Inuit (hommes et femmes) dans le secteur de la justice au Nunavik, répartis parmi six organisations: les Services parajudiciaires autochtones du Québec (SPAQ), la Cour itinérante, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), l’Administration régionale Kativik (ARK), la Société Makivik et la Corps de police régional Kativik (CPRK). Au moment du sondage, 83% de ces postes étaient occupées par des femmes inuit. Les postes en question correspondaient dans 23% des cas à un travail de bureau et dans 77% des cas à un travail de première ligne, les Inuit étant absents des postes de direction. La majorité des employées inuit(56%) avaient un statut d’emploi occasionnel (incluant le temps partiel, le contractuel et le travail autonome). Au total,124 postes occupés par des femmes inuit ont ainsi été recensés, et 19 intitulés de poste distincts.
Les femmes occupaient la totalité des postes (100%) pour 14 des 19 intitulés, dont agente d’aide aux victimes, agente de réinsertion communautaire, agente administrative à la DPJ, adjointe et technicienne administrative au CPRK, et conseillère parajudiciaire. Makivik était l’organisation qui embauchaient le plus grand nombre de femmes au moment du sondage, avec 37% des 124 employées répertoriées, suivi par le CPRK avec 23% des employées inuit du secteur de la justice au Nunavik. Pour effectuer leurs fonctions, 33% des employées inuit devaient se déplacer régulièrement en-dehors de leur communauté de résidence, que ce soit quelques fois par année ou tous les mois.
Les femmes âgées de 31 à 65 ans étaient les plus nombreuses; elles représentaient 76% employées inuit répertoriées. Les employées de Makivi kétaient parmi les plus âgées; 74% d’entre eux étaient âgées de plus de 50 ans. De plus, seul Makivik embauchait des femmes de plus de 66 ans, celles-ci étant engagées comme membres de comités de justice et représentant 12% de toutes les femmes employées dans le secteur.
Au moment du sondage, les femmes étaient 89 % à avoir occupé leurs fonctions depuis au moins un an, et 30% étaient en poste depuis plus de cinq ans. La volonté d’aider les membres de leurs communautés constitue l’une des motivations premières des femmes inuit à occuper un poste de première ligne dans le secteur de la justice. En contrepartie, le fait de travailler dans leurs propres communautés et de devoir intervenir auprès d’amis et de membres de la famille, de même que la confrontation quotidienne à la violence et à des histoires malheureuses, sont les aspects les plus difficiles de leur travail et peuvent motiver certaines démissions.
Informations sur le projet
La Chaire a obtenu un financement du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) afin de réaliser le projet Femmes inuit, justice et harmonie sociale. Ce projet porte sur la place et les perspectives des femmes dans le domaine de la justice au Nunavik. Il s'est déroulé du mois de juillet 2018 au mois de juillet 2019.
Cette recherche se décline selon trois objectifs principaux :
- connaître la place et le rôle des femmes dans le fonctionnement de la justice traditionnelle et contemporaine au Nunavik ;
- comprendre les expériences, les perspectives et les défis des femmes inuit dans le fonctionnement de la justice contemporaine au Nunavik ;
- valoriser le rôle des femmes inuit dans la justice.
Partenaires
Partenaires régionaux : Sapummijiit (ARK), Comités de justice (Makivik)
Collaboratrices : Siasi Smiller Irqumia et Nellie Aliqu
Partenaire financier : Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH)
Coordonnatrice du projet
Pascale Laneuville